Pourquoi le français ne ressemble-t-il pas aux autres langues romanes ?

Le français, comme l’espagnol, le portugais ou le roumain, appartient à la famille des langues latines. En raison de leur origine commune, ces langues partagent de nombreuses similitudes.

Malgré tout, un hispanophone aura beaucoup plus de difficultés à comprendre le français que l’italien. Exemple : le mot « agua » en espagnol se dit « acqua » en italien. En français, ça donne… « eau » ! Qu’est-ce qui explique cette différence ? Pourquoi le français ne ressemble-t-il pas aux autres langues romanes ? Réponse ici !

L’influence celtique

Pour comprendre la différence entre le français et les autres langues latines, il faut remonter à l’époque de l’Empire romain.

Lors de leurs conquêtes, les Romains vont imposer leur langue dans les territoires envahis : le latin. Cependant, ce latin vulgaire se modifiera aux contacts des langues parlées par les autochtones. Au fil du temps, ce mélange d’idiomes donnera naissance au français, à l’italien, à l’espagnol, au portugais, au roumain, etc.

Le développement du français sera influencé en particulier par le gaulois, une langue celtique parlée en Gaule.

Aujourd’hui encore, le français compte une centaine de mots d’origine celtique, notamment dans les domaines :

  • de la vie rurale : sillon, charrue, galet ;
  • de la faune et de la flore : mouton, alouette, chêne ;
  • des arts et des techniques : charpente, brasserie.

Lire aussi : Quelle est l’origine de la langue française ?

L’héritage des francs

Quelle est l'influence du francique sur le français ?

Au Ve siècle, l’Empire romain d’Occident s’effondre sous la pression des invasions barbares.

En Gaule, ce sont les Francs mérovingiens, une tribu germanique, qui s’emparent du pouvoir. Pour obtenir le soutien du peuple colonisé, le roi Clovis décide d’abandonner sa langue au profit du latin.

Sous l’influence des Francs, la langue latine va subir de nouvelles transformations au niveau du vocabulaire, de la phonétique et de la syntaxe.

D’ailleurs, c’est pour cette raison qu’on dit que le français est la plus germanique des langues romanes. En tout cas, cela explique certaines différences lexicales, grammaticales et phonétiques entre le français et les autres langues latines.

Le lexique d’origine francique

L’influence francique s’est surtout fait sentir dans le lexique.

Le vocabulaire français actuel contient de nombreux mots d’origine germanique dans les domaine de :

  • la guerre : flèche, guerre, troupe, espion ;
  • la vie rurale : hameau, jardin, marais ;
  • la navigation et de l’univers maritime : crabe, hisser, homard, matelot, hareng.

Tous les mots qui commencent par un h aspiré proviennent de la langue francique : hache, haine, hêtre, hamac, halte, etc.

Certains suffixes en – ard et -aud ainsi que les préfixes comme mé- marquent aussi cette origine francique : bavard, ringard, rustaud, mépris, mégarde, etc.

La prononciation des mots

Les Francs vont parler le latin à leur manière. Ainsi, la prononciation des mots va progressivement se modifier. Ceci explique en partie pourquoi les hispanophones arrivent facilement à comprendre l’italien, mais pas le français.

Le h aspiré

Le peuple germanique va également introduire un nouveau son : le [h]. Aujourd’hui, ce son a disparu en français et s’est transformé sous la forme du h aspiré. Ainsi, si on ne doit pas faire la liaison ni l’élision avec des mots comme « huttes » ou « haie », c’est à cause des peuples francs.

D’ailleurs, le phénomène du h aspiré n’existe pas dans les autres langues romanes !

La place de l’adjectif devant le nom

Le francique aurait eu une influence sur la place de l’adjectif épithète dans la phrase. Dans les langues latines, l’adjectif se trouve en règle générale derrière le nom. Dans les langues germaniques, c’est le contraire. Cette influence se voit entre autres dans le nom de certains lieux : Neufchâteau, Francheville, Rougemont… L’adjectif est placé devant !

Le rôle de l’Académie française sur l’orthographe

L'académie française et l'orthographe

L’orthographe constitue une autre différence majeure entre le français et les autres langues romanes.

L’orthographe de l’italien ou de l’espagnol est dite transparente. Ça signifie qu’un son ne correspond qu’à une seule lettre. En français, ce n’est pas du tout le cas. Pourquoi ? Eh bien, c’est la faute de l’Académie française ! Petite explication…

Avant le XVIIe siècle, on écrivait comme on voulait. L’orthographe n’était pas fixée. D’ailleurs, Molière variait l’orthographe de ses mots d’un manuscrit à l’autre et d’une œuvre à l’autre.

Au XVIIe siècle, on centralise l’Etat et Richelieu se rend compte que la langue représente un pouvoir. En 1635, il crée l’Académie française qui a pour objectif de fixer la norme.

L’orthographe est imposée : elle sera la même pour tout le monde.

Mais quelle orthographe choisir ? Les premiers grammairiens décident de compliquer les choses : ils optent pour une orthographe étymologique plutôt que phonétique.

On décide alors d’ajouter des consonnes aux mots pour rappeler leurs origines grecques et latines. Par exemple, les lettres « p » et « s » sont ajoutées au mot « cor » (corps) pour recréer le lien avec le terme corpus en latin. Les lettres « g » et « t » de doigt renvoient au mot latin digitum.

C’est ainsi que les lettres muettes font leur apparition en français.

Par la même occasion, ces académiciens vont commettre des erreurs, comme le « ph » de « nénuphar », qui n’est pas d’origine grecque, mais arabe.

Une question de phonétique

D’un point de vue grammatical et syntaxique, le français ressemble fort aux autres langues romanes. Ce qui distingue le français du portugais, du catalan ou du roumain, c’est surtout la prononciation des mots.

Sur le plan phonétique, la langue française se distingue par ses voyelles nasales et par l’usage de la liaison et de l’élision. Ces phénomènes linguistiques n’existent dans aucune autre langue romane.

L’évolution phonétique aurait également joué un rôle sur la présence obligatoire des pronoms sujets dans la phrase. À l’oral, les formes verbales sont devenues trop similaires en français. Par exemple, « chante », « chantes », « chantent » se prononcent de la même manière. Pour lever l’ambiguïté, on a dû employer systématiquement les pronoms sujets.

Dans les autres langues latines, le pronom est sous-entendu dans le verbe : je chante vs canto (italien, espagnol, portugais).

Pourquoi le français ne ressemble-t-il pas aux autres langues romanes ? En conclusion

Le caractère unique du français s’explique par sa riche histoire sociale et politique. En effet, l’influence des langues étrangères, le rôle des grammairiens, les changements phonétiques, tous ces facteurs ont contribué au développement de la langue française.

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