20 Oct Le général De Gaulle serait-il fier de la France d’aujourd’hui ? (Café Avec Johan 11)
Abonne-toi à la chaîne YouTube pour ne manquer aucune vidéo : clique ici.
Télécharge le fichier MP3 ici.
Transcription de la vidéo :
Salut chers amis, et bienvenue dans ce nouvel épisode de Café Avec Johan. C’est l’épisode 11 de Café Avec Johan. Et c’est, tu vas le voir, un épisode qui va être à la fois historique, à la fois politique, et il va aussi toucher à l’actualité de ce qui se passe en France aujourd’hui. Et malheureusement, c’est pas une très très belle actualité. Mais bon, si tu t’intéresses à la France, à sa culture, à son actualité, je pense que cet épisode va t’intéresser.
J’ai préparé, donc, tu me verras peut-être regarder ici, pas mal de notes sur le sujet, parce que je pense que c’est important de bien comprendre l’histoire, bien comprendre les faits, si on veut comprendre comment fonctionne un pays et si on veut comprendre son actualité.
Avant ça, laisse-moi te rappeler que les inscriptions à l’Académie Français Authentique sont ouvertes pour quelques jours. Je ne vais pas te rappeler ici tout ce que l’académie peut faire pour toi. Ça, tu peux le retrouver dans le premier lien dans la description. La seule chose que je peux te dire, c’est que c’est la plateforme, à mon sens, la plus complète pour progresser en français. Tu as plein de contenus exclusifs, intéressants, et tu as des réunions Zoom avec nos tuteurs. Ce sont les dernières inscriptions de l’année, et on va faire quelques changements en 2026, donc, je pense que ça vaut le coup de nous rejoindre maintenant.
Ceci étant dit, passons au sujet du jour, puisqu’on retrouve assez souvent dans les médias, on entend assez souvent des gens parler du général de Gaulle. On va parler de lui un peu plus en détail après, pour ceux qui ne le connaissent pas et qui ne savent pas ce qu’il a fait pour la France, et en quoi c’est un personnage historique important. Mais en fait, beaucoup parlent aujourd’hui du général de Gaulle et se demandent ce qu’il penserait de la situation qu’on vit actuellement en France.
C’est quelqu’un, le général de Gaulle, qui est encore très présent dans la population en général, chez les jeunes comme chez les moins jeunes, c’est-à-dire ceux qui en fait ne l’ont même pas connu. Moi, de mon côté, je suis né en 1982, le général de Gaulle est mort en 1970, donc, bien avant que je naisse, et pourtant, j’ai vu une enquête Harris Interactive en 2019 qui demandait aux gens de classer les figures historiques françaises en fait. Donc, il leur disait : « citez-moi une figure historique française ». Eh bien, le général de Gaulle est arrivé en troisième position, avec 16 % des mentions. Le premier, c’était Napoléon, 20 %, et le deuxième, c’était Louis XIV, 17 %. Donc, tu vois que le général de Gaulle, dans l’imaginaire collectif français, il est encore très présent.
On en entend aussi parler dans la bouche des politiques eux-mêmes. Beaucoup se revendiquent comme étant ce qu’on appelle « gaullistes », c’est-à-dire ils veulent que les idées du général de Gaulle reviennent sur le devant de la scène. Et ça, encore cette semaine, j’entendais une interview d’un responsable politique, il me semble qu’il était du Rassemblement National, qui prenait en exemple le général de Gaulle. Et il y en a plein dans le parti des Républicains, dans les partis du Centre, et même chez les progressistes, chez certains socialistes, on peut entendre parler du général de Gaulle encore aujourd’hui.
Il est vu en fait comme étant le grand sauveur de la Deuxième Guerre mondiale. Il est à l’origine des institutions françaises actuelles, c’est-à-dire la Cinquième République dans laquelle la France vit aujourd’hui ou en tout cas dans laquelle la politique française est organisée. Eh bien, elle a été voulue par le général de Gaulle. Le grand pouvoir donné au Président, tout ça, ça vient du général de Gaulle. Et bien sûr, les grands projets qui avaient été lancés à son époque, comme le nucléaire, qu’ils soient civils ou militaires. Donc, tu vois, encore aujourd’hui, en fait, on vit en France ou ceux qui vivent en France vivent de certaines décisions ou selon certaines décisions qui ont été prises par le général de Gaulle.
Alors, je sais que dans certains pays, notamment des pays africains, De Gaulle reste une figure qui est liée à l’époque, au contexte colonial français. Et donc, les gens vont avoir tendance à beaucoup le critiquer. Et ce que je propose ici, c’est plutôt une réflexion historique, une réflexion culturelle, et pas forcément un jugement global ou dire « il faudrait que le général de Gaulle revienne ». C’est pas du tout le but de cette vidéo.
Mais j’ai quelques chiffres-là qui montrent à quel point le contexte en France, au moment où j’enregistre cette vidéo, on est fin septembre 2025, le contexte est super super préoccupant. Il y a 77 % des Français qui désapprouvent l’action d’Emmanuel Macron, qui est le Président, et comme on l’a dit, dans le régime voulu par le général de Gaulle, le Président c’est l’homme fort, c’est l’homme qui a les pouvoirs. Malheureusement, 77 % des Français le désapprouvent. Je dis « malheureusement » parce que je préférerais qu’on ait un Président qui soit fort et apprécié. Ça, c’est un sondage IFOP de septembre 2025, donc, c’est tout frais. Le Président n’est plus reconnu et on désapprouve son action en France.
Il y a deux gouvernements successifs qui viennent de se faire renverser par l’Assemblée nationale. Donc, on a une instabilité politique au niveau du gouvernement qui est énorme. La dette publique est à 116 % du PIB. Le PIB, c’est le Produit Intérieur Brut. Donc, en gros, c’est ce que le pays produit, la richesse que le pays produit en une année. Eh bien, la dette publique, la dette de l’État, elle est supérieure à ce que la France produit en un an, puisque c’est 116 %. Il y a un déficit à 5,8 %. Donc, ça veut dire… Les critères en fait de l’Union Européenne, des traités de l’Union Européenne, c’est 3 %. Normalement, aucun pays n’aurait le droit en Europe d’avoir un déficit de moins de 3 %. Eh bien, en France, on est à presque le double, à 5,8.
Donc, certains commencent aussi à remettre en cause les institutions de la Cinquième République. Et en fait, on va se poser la question, aujourd’hui, ensemble, « que penserait le général de Gaulle de cette situation ? » Parce que c’est lui qui a imaginé les institutions de la Cinquième République, qu’est-ce qu’il en penserait ? Comment verrait-il la situation au global ?
Avant ça, avant de passer exactement à ce que penserait le général, je veux faire trois petits avertissements. Le premier… ou en tout cas, je vais essayer d’éviter trois erreurs.
La première erreur, ce serait de vouloir faire parler le général de Gaulle de manière caricaturale, c’est-à-dire sans nuance. Il faut être clair. Personne ne sait ce qu’il dirait aujourd’hui et ce qu’il penserait aujourd’hui. Donc, on n’est pas là pour essayer de le faire parler ou de parler à sa place. Il faut, et ça c’est toujours très très difficile de ne pas tomber dans ce piège d’une manière générale, mais il faut éviter l’anachronisme. L’anachronisme, ça veut dire ne pas faire la différence entre deux époques. Le général de Gaulle, il est mort en 1970, il y a 55 ans. Et le monde d’hier était complètement différent au monde d’aujourd’hui. Donc, l’erreur de l’anachronisme, ce serait de raisonner avec mes lunettes de 2025 comme lui raisonnait avec ses lunettes de 1960-65-70. C’est vraiment cette erreur qu’il faut éviter de faire.
Et bien sûr, la troisième erreur, ce serait de trop se plonger dans les détails historiques, parce que tu n’es pas natif, tu apprends le français, et l’idée, c’est plutôt de vulgariser ce qu’a fait De Gaulle dans l’histoire plutôt que de te donner tous les détails à la virgule près, comme on dit en français.
Donc, ce que je te propose déjà, c’est de faire un petit rappel historique très rapide de qui était De Gaulle et pourquoi il reste une référence. Pourquoi aujourd’hui, quand tu demandes à un Français de citer une figure historique, il va penser à Napoléon, à Louis XIV et au général de Gaulle ? Pourquoi ?
Alors moi, je cherche à mieux le comprendre vraiment en détail, parce que justement tout le monde le cite, mais moi, j’aime bien revenir à la source. D’ailleurs, dans ma bibliothèque, j’ai 16 ouvrages que j’ai achetés en France cet été et que j’ai pris avec moi. Ce sont Les mémoires de guerre de De Gaulle. Donc, c’est trois tomes. Mémoire de guerre, donc, L’appel. Donc, dans celui-là, dans cet ouvrage, c’est la période 1940-1942. Donc, ça c’est vraiment ses mémoires à lui, c’est lui qui raconte. On va le mettre là. Le deuxième tome, c’est L’unité. Donc, 1942-1944. Tu vois. Donc, là aussi, il y a 400 pages dans lesquelles c’est lui qui parle, c’est lui qui raconte. Et le troisième, Le salut, 1944-1946. Donc, là, voilà, Paris est libéré, etc. Donc, il nous raconte un petit peu comment tout ça a évolué.
Bon, ça fait quand même pas mal de lectures, 1 200 pages. On va les mettre là. 1 200 pages à lire, que je n’ai pas encore consultées. Mais je souhaite le faire parce que, encore une fois, on peut pas vraiment comprendre une situation du présent si on comprend pas notre passé. Mais on va résumer ça, on va pas lire les 1 200 pages ensemble. Mais en gros, une des choses qui a fait que le général de Gaulle a été connu et reconnu dans l’histoire, c’est que ça a été le chef de la résistance. En 1940, quand les Allemands ont envahi la France et quand l’Allemagne nazie a occupé la France, De Gaulle, lui, est parti à Londres et a fait un appel, le fameux appel du 18 juin 1940, pour continuer la lutte. Il disait : « Non, la guerre n’est pas perdue. On a perdu une bataille, mais pas la guerre ». Donc, lui, il refusait la défaite, contrairement à d’autres, comme le maréchal Pétain par exemple qui, lui, a dit : « Mais non, c’est tout, on a perdu, on va essayer maintenant de collaborer et de trouver une façon de survivre et de vivre avec les Allemands ».
La deuxième chose qui fait qu’il est connu, c’est qu’il a été le fondateur de la Cinquième République. En 1958, il a créé la Constitution, lui et d’autres bien sûr, mais c’est lui qui a donné les grandes lignes, la stratégie. Et encore aujourd’hui, c’est cette structure qui est en place, avec un Président de la République élu au suffrage universel direct, qui nomme un Premier ministre, qui nomme un gouvernement, le fonctionnement du Parlement avec l’Assemblée nationale et le Sénat. Tout ça, toute cette Constitution, elle est le fruit de la volonté du général de Gaulle.
De Gaulle, on le voyait comme un homme de grandeur. Il défendait l’idée que la France devait rester indépendante et forte dans le monde, même si c’était un petit pays. La France est un petit pays comparé à beaucoup d’autres pays du monde. Mais pour lui, il fallait que la France reste forte et indépendante. Donc, il a par exemple quitté l’OTAN en 1966, ce qui est quelque chose d’assez remarquable. Je ne sais pas du tout si c’était une bonne décision ou pas. Toujours est-il qu’il refusait de rentrer dans le moule occidental. Il voulait que la France ait sa voix.
Et il a aussi été à l’origine des grands projets modernes. Il a lancé le programme nucléaire. On en a parlé dans un épisode Café Avec Johan justement sur le nucléaire. L’aéronautique, le Concorde, tout ça, c’est des projets qui sont nés de sa volonté d’avoir une France forte, avec des entreprises fortes, une innovation forte, etc.
Donc, si on devait résumer en un mot, je dirais, personnellement, ça c’est mon choix, je dirais qu’il était visionnaire, c’est-à-dire qu’il avait une capacité à voir justement le futur et ce qui allait se passer, et de prendre les bonnes décisions pour le futur de la France, une grande capacité à prendre des décisions à long terme, donc, pas seulement pour demain, mais pour le futur. Et ça, ça tranche directement, c’est une petite transition peut-être vers justement ce qu’il penserait de la France actuelle. Mais pour moi, c’est le fait que lui était capable, dans les années 60-70, de lancer un programme nucléaire pour l’avenir énergétique de la France des 50 prochaines années, ça me montre qu’on a beaucoup perdu avec nos politiques actuels, puisque le Président Macron…
Alors je ne vais pas faire de la critique du Président Macron, c’est toujours très facile. Ses prédécesseurs ont fait de grosses erreurs également. Mais il y a une chose, moi, qui m’a beaucoup frappé au niveau de la stratégie du Président Macron, c’est qu’il a été élu en 2017, en disant : « Aujourd’hui, 75 % de l’électricité française vient du nucléaire. Et nous, on veut passer à 50 %. Donc, on va fermer une centrale nucléaire, c’est la centrale de Fessenheim, on va réduire massivement l’énergie nucléaire en France ». Et ça, c’était la prolongation de ce que voulait son prédécesseur François Hollande.
Et donc, ça c’était en 2017. Et quelques années après, en 2022, il annonce que nous allons de nouveau investir dans le nucléaire avec la construction de nouveaux réacteurs. Donc, en fait, dans l’espace de quelques années, de 5 ans, à peine 5 ans, il te dit « on va limiter le nucléaire, et après, non, on va investir dans le nucléaire ». Et ça, c’est un exemple parmi d’autres, aussi bien chez lui que chez certains de ses prédécesseurs, qui me fait dire que c’était quand même beaucoup plus sympa d’avoir une époque pendant laquelle nos dirigeants pensaient loin, pensaient pour le futur et pas seulement pour leur réélection, ‘fin, ils ne pensaient pas seulement à leur réélection et au court terme.
Donc, on va regarder trois grands thèmes ensemble aujourd’hui et on va se demander ce que le général en dirait. Le premier, ce sera les institutions ; le deuxième, la dette ; et le troisième, le rang mondial.
Donc, au niveau des institutions, quand De Gaulle a créé ou a mis en place la Constitution de la Cinquième République, il voulait un Président fort. Il voulait que le Président soit fort, respecté, garant de l’unité nationale. Donc, ça veut dire qu’il ne devait pas être dans la division. Il devait être le Président de tous les Français et au-dessus des partis. Ça veut dire que le Président, il était supérieur aux partis. Il était au-dessus et il représentait tout le monde. Donc, il voulait, en fait, éviter l’instabilité énorme qu’il y avait dans la Quatrième République. La Quatrième République, c’était la Constitution qui est venue juste avant et qui était instable, justement parce que les partis étaient trop puissants.
Et quand on regarde ce qui se passe aujourd’hui, pense à ce que je viens de te dire, à ce que voulait le général de Gaulle, et pense à ce que je te disais tout à l’heure en ce qui concerne Emmanuel Macron, il a 77 % de gens qui désapprouvent ce qu’il fait. Il a 17 % de gens qui lui font confiance. Donc, le général aurait dit, « le régime présidentiel est en péril en fait, parce que tout repose sur un président qui est reconnu par tout le monde, par le peuple ». Et il dirait que ce qu’il veut aujourd’hui, eh bien, c’est le contraire finalement.
Ce qu’il verra aussi, c’est que l’État s’affaiblit, parce qu’on a besoin d’un État fort, un gouvernement fort. Or là, il y a eu deux gouvernements de suite qui ont été renversés par l’Assemblée nationale. Donc, l’Assemblée est ingouvernable, parce qu’elle est morcelée, il y a plusieurs morceaux, plusieurs parties. On en a parlé dans le premier épisode de Café Avec Johan. Et il critiquerait ça probablement. Il critiquait déjà à l’époque ce qu’il appelait le régime des partis, c’est-à-dire d’avoir des partis politiques qui font la politique et qui décident. Pour lui, les institutions et le président devraient être au-dessus de ça. Les partis sont là pour supporter l’équipe dirigeante et la France, et pas l’inverse. Donc, il critiquerait ça.
Il critiquerait également, très probablement… encore une fois, on ne le fait pas parler, mais on essaie d’imaginer ce qu’il dirait… le non-respect des messages électoraux. Il a quitté le pouvoir, le général de Gaulle, en 1969, suite à un référendum. En fait, il a été assez fragilisé par les événements de mai 68. Ça a fragilisé le pouvoir. Et il a dit, « OK, en 1969, on va faire un référendum ». Un référendum, c’est je pose une question au peuple. Le peuple répond par oui ou non. Et il a dit, « si vous dites non, je pars ». Voilà. Donc, lui, c’était très clair. Il demandait au peuple, et si le peuple voulait autre chose que ce qu’il propose, il s’en allait. Il a perdu. Donc, c’était un référendum sur une réforme du Sénat et sur la décentralisation. Il voulait ramener certains pouvoirs en dehors de Paris. Il a perdu et il a fait un communiqué très court. « Je quitte mes fonctions de Président de la République. Effet immédiat ». C’était fini.
Et aujourd’hui… aujourd’hui, ça fait 20 ans que ça dure… les politiques ne respectent pas du tout le message envoyé par les électeurs. La première grande cassure, grande rupture, dont j’ai déjà parlé aussi dans un épisode de Café Avec Johan, c’est la Constitution, le référendum pour adopter la Constitution européenne en 2005, où le peuple a dit non, les Français ont dit non, nous ne voulons pas de cette constitution. Et Nicolas Sarkozy, quand il est arrivé président, enfin, il a été élu en 2007, et je crois que c’est en 2008, ils ont imposé la Constitution par le biais du Parlement, tout simplement.
On a eu le cas avec Emmanuel Macron en 2024, quand il a fait une dissolution de l’Assemblée nationale. Les partis arrivés en tête, c’était plutôt des partis de gauche. Bon, il y a eu des manœuvres politiques pour ça, mais on ne va pas rentrer dans tous les détails. Et donc, il aurait dû nommer un Premier ministre de gauche, c’est ce que voulaient les électeurs, et il a nommé un Premier ministre de droite.
Donc, il critiquerait clairement, le général de Gaulle, le fait que les élites, finalement, ne respectent pas la parole du peuple. Ce qu’il ferait probablement, une dissolution de l’Assemblée nationale pour essayer de récupérer une majorité, probablement un référendum où il demanderait clairement au peuple s’il doit rester. Et on peut se dire, si on regarde ce qu’il a fait par le passé, qu’il respecterait ce que souhaite le peuple. Donc, lui, il critiquerait vraiment tout ça.
Les points positifs, à mon avis, qu’il verrait, c’est déjà qu’il y a une certaine résilience, résistance des institutions. Il y a plein de crises, mais les institutions, elles tiennent. Le pays fonctionne, il y a pas eu de coup d’État. J’allais dire il y a pas de violence. Si, il y a quand même pas mal de violence dans le pays, mais c’est pas encore une guerre civile, ce n’est pas une insurrection. Donc, la démocratie semble encore fonctionner. La question, c’est pour combien de temps. Mais en tout cas, aujourd’hui, les institutions fonctionnent, le pays fonctionne. Et même si les Français critiquent leurs dirigeants, ils ne remettent pas en cause, pour la plupart, le cadre républicain. Donc, les Français restent, malgré tout, attachés à la République et aux institutions de la Cinquième République.
Donc, voilà ce que dirait probablement le général de Gaulle des institutions françaises en ce moment.
Que dirait-il de la dette ? Alors, il aurait très probablement un diagnostic assez sévère en disant une dette de plus de 116 % du PIB, on parle quand même de 3 200 milliards d’euros. Un déficit de 5,8 %, c’est une perte de souveraineté. La souveraineté d’un État, c’est sa capacité à être indépendant et à décider seul. Eh bien, quand on est endetté comme ça, on n’a plus de souveraineté. On peut pas vivre au-dessus de ses moyens et on ne peut pas être indépendant. Parce que quand on doit de l’argent à quelqu’un, cette personne peut toujours dire « moi je veux que tu me rendes mon argent, maintenant ». Donc, on est menacé en fait, on est obligé de prendre des décisions qu’on n’aurait pas prises. Donc, on est contre, c’est… et il dirait probablement que c’est l’indépendance nationale qui est en jeu.
Donc, il proposerait très probablement une politique de rigueur drastique avec un plan de redressement national, ce qui est aujourd’hui, ce qui semble impossible à faire d’une manière douce, puisqu’on a vu différents gouvernements proposer que le pays fasse des économies, mais à chaque fois, les partis politiques qu’on critiquait tout à l’heure disent : « Non, moi, je ne veux pas ça. Je veux qu’on dépense plus », notamment les partis de gauche qui disent : « Il faut taxer encore plus et dépenser encore plus, en fait ». Ce qui semble, dans le pays le plus taxé du monde, être plutôt contre-productif, mais ça, c’est seulement un avis personnel. Le général de Gaulle aurait probablement un autre avis, mais lui il dirait qu’un pays qui est surendetté comme la France n’est pas indépendant. Et ça, je pense que c’est assez clair.
Et en ce qui concerne le rang mondial de la France, il ne serait clairement pas satisfait de la situation actuelle et de l’Europe actuelle, parce que le général de Gaulle, il croyait à ce qu’il appelle une Europe des nations, c’est-à-dire pas une Europe supranationale. Il ne voulait pas que l’institution européenne soit plus forte que les pays. Il voulait que chaque pays soit souverain, mais coopère. Donc, pas une Europe fédérale du type de ce qu’on a aux États-Unis, où tu as l’État fédéral américain et chaque État est noyé dedans. Lui, ce qu’il voulait, c’est vraiment un modèle où chaque État prend ses décisions, mais il y a des coopérations.
Il voulait aussi une Europe, il disait, de l’Atlantique à l’Oural, donc, c’est-à-dire qu’il voulait intégrer la Russie. Mais pour lui, le plus important, c’était que chaque nation garde sa personnalité et qu’on ne pouvait pas dissoudre les nations dans un tout qui serait l’Europe. L’image qu’il avait prise, c’est on ne fait pas une omelette avec des œufs durs. Les œufs durs, c’est des œufs qu’on a fait cuire pendant une dizaine de minutes, qui sont donc durs, et l’omelette, c’est ce qu’on fait quand on prend des œufs qui sont pas cuits, des œufs frais, on les casse pour faire une omelette dans la poêle. Mais on ne peut pas prendre un œuf qui est dur, qui a déjà été solidifié, et faire une omelette. Ça ne marche pas. On ne peut pas mélanger des choses qui ne se mélangent pas. Et du coup, pour lui, l’Europe telle qu’elle est aujourd’hui, avec une instance européenne qui domine tout le monde, ça ne peut pas fonctionner.
Il avait déjà mis son veto à l’entrée du Royaume-Uni, dans la Communauté économique européenne, parce qu’il craignait de voir une influence américaine trop forte en Europe. Il s’est toujours méfié des États-Unis, de Gaulle, parce que, d’après lui, les Américains ont essayé, à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, de prendre possession de l’Europe en fait, et en particulier de la France, ce que lui a vraiment refusé. Donc, il était en conflit avec les États-Unis. C’est assez paradoxal, parce que les États-Unis, clairement, ont sauvé l’Europe. Alors, c’est plus compliqué que ça. Il y a eu l’armée russe également. Mais il y a eu beaucoup de conflits suite à la Deuxième Guerre mondiale, parce que de Gaulle se méfiait des Américains.
Il a aussi défendu la politique de la chaise vide en 65-66 pour protester… là, écoute bien, c’est très important… contre l’idée d’une Europe qui déciderait à la majorité et non à l’unanimité. Auparavant, il fallait, pour qu’une décision soit prise, que tous les pays européens soient d’accord. C’est l’unanimité. Si un pays n’était pas d’accord, la mesure ne passait pas. Et au fur et à mesure, l’Europe a voulu instaurer une majorité, c’est-à-dire on est 10, il y en a 6 qui disent oui, 4 qui disent non, eh bien, les 4 qui disent non, on s’en moque, c’est les 6 qui disent oui qui ont raison. Et lui, il s’est battu pour ça. Il ne voulait pas ce système parce qu’il voulait que la France soit capable de dire non et de décider pour elle.
Alors, inutile de dire qu’aujourd’hui ce système d’unanimité n’est plus en place. On l’a vu récemment avec le traité du Mercosur, qui est un traité commercial entre des pays d’Amérique du Sud et l’Europe. La France est contre parce que ça pénalise l’agriculture française. Eh bien l’Europe, elle s’en moque. Elle le fait quand même. Et De Gaulle aurait été contre ça.
Donc, il protesterait aujourd’hui en voyant que la majorité des lois sont décidées à Bruxelles et énormément de lois françaises sont des transpositions, c’est-à-dire qu’on prend la loi européenne et on l’applique en France, mais les grandes lois ne sont plus décidées par le Parlement français, que ça concerne le commerce, l’agriculture, les normes, etc. Et certains dirigeants français le reconnaissent face à la population en disant, « voilà, ça on n’y peut rien, c’est une loi européenne ». Donc, ce serait inacceptable pour De Gaulle.
Et il se serait opposé aussi à l’euro, puisque pour lui, un pays, pour être indépendant et pour avoir sa propre politique monétaire, doit avoir sa monnaie. Donc, il refuserait probablement aussi l’euro.
Pour ce qui est de la diplomatie, la France garde quand même ses atouts et garde une certaine force. Son siège à l’ONU notamment, l’Organisation des Nations unies, le nucléaire français, la diplomatie française est très présente et très puissante. Moi, je vis en Asie et je vois très souvent des choses passer sur le fait que la France est présente et elle est écoutée. Mais De Gaulle, il critiquerait l’érosion un peu de la diplomatie française. Notamment on l’a vu lors du conflit entre la Russie et l’Ukraine, où des décisions ont été prises sans l’Europe et sans la France. C’est les États-Unis directement qui ont négocié avec la Russie. Et lui préférait une diplomatie qui reste forte et alignée sur personne, c’est-à-dire lui ne veut pas dépendre des États-Unis. À l’époque de la guerre froide, il voulait se mettre un peu entre les deux : ni complètement OTAN, ni complètement URSS. Donc, c’est ça ce qu’il décrivait comme étant la politique de grandeur. C’était vraiment la capacité de la France à décider pour elle et pour son destin.
Donc, voilà un peu, on a essayé d’imaginer ce que De Gaulle penserait ou aurait pensé de la France d’aujourd’hui. Clairement, sur les institutions, il aurait critiqué la faiblesse du Président et le retour des querelles de partis, des disputes entre les partis. Sur la dette, il aurait dénoncé la perte de souveraineté nationale parce qu’on est surendetté, le pays est en faillite, presque en faillite. Et sur le rang mondial, il aurait insisté sur l’indépendance, la nécessité d’indépendance de la France, et il critiquerait le fait qu’aujourd’hui la France soit une sous-puissance de l’Europe.
Évidemment, on l’a dit, personne ne peut parler à sa place. Le monde d’aujourd’hui n’est pas le même que celui des années 60. Donc, on ne peut pas vraiment faire d’anachronisme et savoir ce qu’il penserait. Mais son héritage, malgré tout, il continue d’influencer la politique française. Beaucoup de partis se réclament de lui et on peut très bien imaginer qu’un homme providentiel comme lui arriverait à faire changer les choses et à redresser un petit peu la France qui, malheureusement, je le dis avec beaucoup de tristesse, est en train, que ce soit au niveau politique, économique, diplomatique, elle est en train de décliner fortement.
Et toi, qu’en penses-tu ? Est-ce que tu penses que De Gaulle serait fier de la France d’aujourd’hui ? Dis-moi en commentaire, dis-moi aussi ce que toi tu penses de l’étranger ? Depuis l’étranger, ce que tu penses de la France ? Je lisais dans la presse ce matin que certains journaux italiens se moquaient un peu de la France en disant, « ben voilà, les Français qui aiment donner des leçons sont dans une situation très compliquée ». J’imagine que dans la presse de ton pays c’est pareil. Mes amis autrichiens, lorsque je vivais en Autriche, se moquaient un peu de nous aussi. Donc, j’aimerais lire ce que toi tu penses de la situation française actuelle.
N’oublie pas de laisser un « j’aime » si tu as aimé cette vidéo, et ça nous aide. N’oublie pas de suivre le premier lien dans lequel tu découvriras tout ce que l’Académie Français Authentique fera pour toi. Et clairement, si ça t’intéresse, va voir maintenant. C’est un conseil d’ami. C’est les dernières ouvertures de l’année, et on prépare du changement pour l’année prochaine. Donc, c’est vraiment le bon moment pour nous rejoindre. Et n’oublie pas de t’abonner à la chaîne pour ne rien manquer, en activant bien sûr les notifications.
Merci. Ça fait un peu plus de 30 minutes qu’on est ensemble. Merci d’avoir passé ce moment avec moi. Prends ton temps, écoute petit à petit, réécoute certains passages que tu n’as pas compris. Prends le temps d’aller en profondeur, pas de stress, tu vas progresser. Merci du fond du cœur de ta confiance, et à très bientôt pour un nouvel épisode de Café Avec Johan. Salut !