Comment vivre de sa passion et apprendre intelligemment (interview Julien Jobard)

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Transcription de la vidéo :

Johan : Salut, chers amis ! Bienvenue dans cette nouvelle vidéo de Français Authentique. Aujourd’hui, je ne suis pas seul, j’ai un invité. Salut, Julien !

Julien : Salut, Johan !

Johan : Content de t’avoir parmi nous.

Julien : Ben, merci de m’inviter.

Johan : Avec grand plaisir. Donc Julien et moi, on travaille ensemble depuis octobre 2016, déjà.

Julien : Oui, ça va vite.

Johan : J’ai dû faire des recherches pour le voir. Donc, tu es créateur d’Appartement 303…

Julien : Tout à fait.

Johan : … dont tu nous parleras un peu tout à l’heure. C’est un studio de création et de communication et c’est dans ce cadre-là que Julien et moi on s’est rencontrés et qu’on a commencé à travailler ensemble. La raison pour laquelle j’ai demandé à Julien de nous rejoindre, c’est déjà un aspect professionnel puisqu’il connaît Français Authentique, tu connais plutôt bien maintenant.

Julien : Ah oui. Ça fait quand même un petit moment que je vois les coulisses.

Johan : Les coulisses. Donc, il a vu Français Authentique évoluer. C’est lui et une autre personne qui est venue au séminaire Français Authentique à Paris en 2017. Vous aviez tourné, Eric et toi.

Julien : C’est ça.

Johan : Du coup, Julien a vu Français Authentique évoluer. C’est lui qui est derrière beaucoup d’évolutions qu’il y a eu sur la chaîne You Tube. Il y a aussi un aspect qui m’intéresse qui est l’aspect humain, parce que Julien et moi on a des valeurs communes et je pense que tu vas le déceler au fur et à mesure de cette interview. J’ai l’objectif aujourd’hui de partager du contenu authentique, donc on va parler comme on parle pendant la pause de midi.

Julien : Oui.

Johan : Exactement. Donc, ça te donne du contenu authentique et on va essayer de partager un certain nombre de choses liées à l’entreprenariat, parce qu’on parlera de ton projet, Julien, et au niveau des sujets pédagogiques puisque Julien donne des cours également, donc il nous en parlera et il nous donnera un certain nombre d’astuces pour mieux apprendre. C’est en tout cas ce que j’aimerais que tu partages avec nous. Donc plein de sujets différents dans un cadre, c’est Français Authentique, dans un cadre authentique, avec du français parlé par deux francophones et de Julien. Donc, on va commencer tout de suite avec une présentation. Tu vas nous dire qui tu es, ce que tu fais.

Julien : Alors, comme présentation. Pour commencer, je m’appelle donc Julien. Je suis gérant d’une agence de communication qui s’appelle Appartement 303, donc qui est basée à Metz, dans l’Est de la France. On y fait du design graphique sur tout support, à la fois sur du papier comme sur du web. Et puis, on fait également du conseil en communication et on touche également à la vidéo, c’est pour ça qu’on t’accompagne entre autres pour les vidéos You Tube. À côté de ça, je suis papa de deux enfants et puis passionné de graphisme, de nature et plein de choses quoi…

Johan : La musique.

Julien : … et de musique, bien sûr.

Johan : Donc, tout ce qui touche à la créativité finalement.

Julien : Exactement.

Johan : Quand est-ce que tu as créé Appartement 303 ?

Julien : Alors Appartement 303, ça date de 2013. Donc, ça fait maintenant 9 ans, ça passe vite. Ça a démarré au départ chez moi.

Johan : Chez toi ?

Julien : Oui, chez moi, dans mon appartement. C’est d’ailleurs entre autres pour ça que ça s’appelle comme ça, et voilà. Et puis, aujourd’hui, on a des locaux à Metz, on est une équipe de trois. Et c’est fou l’évolution qu’il y a eu… je pense qu’on va en revenir après, mais l’évolution qu’il y a eu pour cette entreprise-là.

Johan : Super. Est-ce que c’était ton rêve ? C’est une question qu’on me pose moi souvent. Est-ce que Français Authentique c’était ton rêve, la chose dont tu rêvais depuis que tu étais enfant ? Et toi, est-ce que c’était le cas ?

Julien : Non, pas du tout. Mon rêve d’enfant, c’était de faire du cinéma. Donc, je réponds un petit peu à ça, mais…

Johan : Oui, c’est lié quand même.

Julien : On est loin de faire des films, mais voilà. Pourquoi j’ai créé Appartement 303 ? Tout simplement parce que je travaillais en tant que frontalier comme beaucoup de personnes dans le secteur. Donc, je faisais des trajets tous les jours qui étaient vers le Luxembourg. J’ai fait ce choix parce qu’à l’époque j’ai eu un enfant, mon premier enfant, et en fait, j’avais besoin d’être beaucoup plus proche de ma famille. Et le seul moyen de revenir en France, c’était de retrouver du travail, sauf que sur le marché du travail, à l’époque, comme aujourd’hui, c’était un petit peu compliqué et donc je me suis dit : « La seule solution, c’est que je me mette à mon compte ».

Donc, j’ai eu une problématique et j’ai résolu cette problématique par cette solution-là qui n’était pas forcément celle que j’avais voulue au départ mais qui s’est révélée comme quelque chose, comme une aventure extraordinaire.

Johan : Et c’était une solution à laquelle tu pouvais quand même apporter une réponse via tes compétences…

Julien : Oui, tout à fait.

Johan : … puisque tu maîtrisais déjà, tu travaillais dans le domaine en fait.

Julien : Oui, je travaillais dans plusieurs agences en France et à Luxembourg avant de créer cette société-là. Et dans la dernière agence, j’étais un petit peu comme le bras droit en fait du patron, donc j’étais amené à toucher à énormément de choses, à la fois dans la production, à la fois dans la gestion des clients, la gestion de l’entreprise. Donc, j’ai appris beaucoup, je le remercie beaucoup. D’ailleurs, on est encore en contact aujourd’hui. C’est ça aussi qui m’a aidé à me lancer.

Johan : Donc, c’était une continuité finalement et pas vraiment une rupture énorme…

Julien : Il n’y a pas vraiment eu de rupture. La seule rupture, c’est la rupture peut-être culturelle entre la culture luxembourgeoise et la culture française. J’ai dû réapprendre à m’adapter au marché français, aux habitudes du business en local en fait.

Johan : Et, certainement aussi, une différence entre le salarié, même si tu avais des responsabilités, le salarié qui rentre chez lui et qui a fini sa journée et l’entrepreneur qui a plein de problèmes du lundi au dimanche, H24.

Julien : C’est ça, et ça n’a pas été évident d’ailleurs ça, parce que ça m’a… Au départ, j’ai gardé cette logique de travail que j’avais en tant que salarié, sauf que je travaillais en plus le soir et le week-end sans frein en fait et j’ai mis longtemps à apprendre à mieux gérer mon temps, à mieux gérer tout ça et à me dire aussi qu’il y a des moments où il faut que j’apprenne à me reposer. Je ne prenais pas de vacances, enfin je travaillais tout le temps en fait. Et ça n’amenait pas forcément de la productivité finalement.

Johan : Du coup, c’était aussi contreproductif par rapport à la raison pour laquelle tu l’as démarrée, cette activité, puisque tu dis que tu voulais te rapprocher de ta fille et du coup tu ne la voyais pas plus que si tu allais travailler au Luxembourg.

Julien : Oui, c’est ça, sauf que c’était mon fils.

Johan : Ah, c’était ton fils. Oui, c’est vrai, c’est dans l’autre sens.

Julien : Mais bon, ce n’est pas grave. Oui, effectivement… Enfin, quoi que, parce qu’en fait j’étais quand même là, je pouvais être là le matin, je pouvais être là le soir. C’était ça les grosses contraintes, c’est que quand je travaillais à Luxembourg, j’étais obligé de partir le matin assez tôt, souvent avant le lever de mon fils, et puis je revenais le soir après le coucher. Donc la semaine, il ne me voyait pas. C’était vraiment une contrainte pour moi et puis ça s’est révélé aussi une contrainte pour lui avec le temps.

Johan : Oui, bien sûr. Quand il a grandi, oui. Est-ce que tu avais au tout début, quand tu as démarré Appartement 303, tu avais une vision claire en te disant : « J’imagine ma société comme étant celle-là avec ce type de client, ce type de service » ? Ou alors, c’était plutôt : « Ben non, je vais transposer ce que j’ai déjà fait et puis on verra ce que les clients veulent » ?

Julien : Alors au départ, non, j’ai vraiment pensé à ce que je voulais. En fait, j’avais une image vraiment définie de ce que je voulais. Pour ça, j’ai été accompagné d’ailleurs par ce qu’on appelle une couveuse d’entreprise. Donc en fait, c’est des personnes qui sont là pour vous aider, pour aider à construire le projet, à accompagner, à challenger un petit peu les idées et tout ça. Et ça m’a vraiment permis d’avoir des idées claires sur ce que je voulais.

Alors au départ, j’avais une vision d’une entreprise où je travaillerai seul chez moi avec un certain type de client, qui correspondait un petit peu à ce que j’avais à Luxembourg sans non plus… Je n’avais pas du tout l’idée de partir sur une multinational, ce n’est toujours pas le cas aujourd’hui, d’ailleurs. Ça, c’était clair et net que je ne voulais pas une grosse entreprise.

Ce qui s’est passé, c’est que j’ai eu ensuite l’opportunité d’avoir une première salariée, ensuite une deuxième salariée avec le temps, l’entreprise a commencé à se faire connaître, on a eu des opportunités de travailler avec pas mal de types de clients différents. Donc, ça s’est façonné comme ça avec le temps et il a fallu faire des choix, bien entendu. C’est toujours dans des projets de ce type-là, il faut faire des choix pour essayer de garder le cap et d’avoir une idée claire de ce qu’on souhaite, donc voilà. Par rapport à l’idée de départ, il y a un énorme cap, mais bon voilà, j’en suis très satisfait aujourd’hui.

Johan : Oui, c’est souvent comme ça. Si je réfléchis au cas Français Authentique, c’est pareil. J’avais aussi une vision, une envie, une chose qui me semblait être claire, une chose qui me semblait être ce que je voulais, et le reste, ça évolue au fur et à mesure finalement de l’avancée et puis de la vie en général, de ce qu’on apprend, des expériences. Donc c’est, je pense, une expérience ici qui est assez similaire avec la mienne.

Tu es… Donc, tu l’as dit de façon très humble. Ça a commencé à marcher pour vous, vous êtes assez reconnus sur la place. Qu’est-ce qui fait que ça a marché pour toi ? Est-ce qu’il y a peut-être un ou deux éléments qui font que ça a marché pour vous, que ton projet a fonctionné ? Ou alors, tu dis : « Non, c’est un ensemble » ?

Julien : C’est sûr que c’est un ensemble de petites choses qui font qu’on nous apprécie et qu’on a envie encore de travailler avec nous, mais je pense qu’il y a deux valeurs importantes. La première, c’est l’écoute et l’accompagnement, c’est-à-dire que nous on considère qu’avec notre écoute on va pouvoir répondre avec un projet sur-mesure.

Et la deuxième chose, c’est notre talent de designer, on va dire, c’est-à-dire qu’on va amener un graphisme qui va être recherché, qui va être vraiment en accord avec le besoin du client. Et ça, c’est ça aussi qui fait qu’on vient chez nous, on a besoin de la patte Appartement 303. C’est pour ça qu’on… Et c’est marrant parce que c’est vraiment ce que je voulais au départ, c’est qu’on vienne chez nous pour ce qu’on fait et pas qu’on vienne chez nous parce qu’on nous a trouvés sur Google.

Johan : Malgré tout, ça montre aussi que ta vision était claire et que l’évolution a été conforme à ta vision.

Julien : C’est ça. Il y a certaines choses qui restent là, oui, effectivement.

Johan : Est-ce qu’il t’arrive de douter ?

Julien : Oui, bien sûr. Oui, je pense que je doute beaucoup. Je suis amené à… comme je disais tout à l’heure, à devoir faire des choix comme tout entrepreneur. Malgré tout, pour résoudre un peu ces doutes-là, j’ai besoin d’analyser, c’est-à-dire que j’ai besoin d’accumuler des informations, et de ces informations, en faire un petit peu un gloubi-boulga pour… C’est un petit nouveau mot que tu n’as peut-être pas expliqué sur Français Authentique.

Johan : Non. Ben il faut que tu nous l’expliques.

Julien : Je préfère que tu l’explique parce que je…

Johan : On va dire un méli-mélo peut-être pour… quelque chose de plus…

Julien : Donc voilà, de ce méli-mélo, de ce grand mix que je vais faire dans ma tête, je vais en conclure quelque chose, en faire un choix, mais j’ai vraiment besoin de récupérer beaucoup d’informations pour faire ce choix-là, pour essayer de faire le meilleur choix. Parfois, je me trompe hein.

Johan : Oui, c’est évident, comme tout le monde. Mais en tout cas, c’est intéressant de voir. Je reprends souvent ces exemples-là dans mes contenus de développement personnel, tu sais que c’est une chose qui me tient aussi à cœur dans mes vidéos, c’est que même les belles réussites, si on regarde de l’extérieur, on va se dire : « Appartement 303, belle réussite, la société fonctionne super bien etc. » mais on a quand même le créateur qui, encore après tu as dit 9 ans, doute et a parfois des moments où on se dit : « Tiens, est-ce que je fais les choses correctement etc. » Donc le doute, il anime en fait chaque créateur et entrepreneur.

Julien : Tout à fait. Et puis, c’est une éternelle reconstruction en fait ou remise en question plutôt, c’est-à-dire que pour moi, c’est vraiment important de prendre toujours du recul sur les projets, de les remettre en question, d’essayer de trouver des nouvelles solutions aussi que ce soit en interne ou pour nos clients, essayer d’être en alerte un petit peu sur ce qui se fait aussi dans le milieu et puis voilà, faire de la veille un peu hein de l’actualité, de toutes ces choses-là et de s’intéresser à nos clients pour trouver le meilleur moyen de les accompagner dans leurs projets, parce qu’on a quand même une énorme responsabilité, c’est qu’on travaille sur leur image d’entreprise.

Donc, on ne peut pas se permettre de trop se tromper, c’est-à-dire qu’il faut vraiment qu’on les accompagne et qu’on soit le plus pertinent possible jusqu’au bout et que ça fonctionne. Donc, ça nous demande de développé une culture de ces différentes entreprises, de comprendre pourquoi, quelles sont leurs problématiques, et essayer de trouver des solutions graphiques et en communication.

Johan : Avec de gros enjeux, comme tu le dis, parce que c’est vrai que vous pouvez avoir soit un très bel impact sur une société, soit un impact qui est un peu plus limité, donc les enjeux sont importants.

Julien : C’est d’ailleurs pour ça qu’on refuse aussi parfois d’accompagner certains clients quand on sent qu’on va avoir des difficultés.

Johan : Oui. Ça, ça fait aussi partie, à mon avis, des choses importantes. Je parle aussi souvent des qualités humaines et on parlait de valeur tout à l’heure, l’honnêteté et avoir l’honnêteté de dire : « Non, ne travaille pas avec moi parce que je ne suis pas sûr de pouvoir t’aider pour quelle que soit la raison », c’est aussi quelque chose qui n’est pas répandu. Beaucoup d’entreprises, aujourd’hui, dirait : « Je prends n’importe quel client. Peu importe, tant que le chiffre d’affaires rentre ». Donc ça, c’est une chose que je trouve aussi… c’est une belle chose.

Ce que je voulais te demander, Julien, parce qu’il y a des gens qui nous regardent et qui ont pour rêve de faire ce que tu as fait et ce que j’ai fait aussi, c’est-à-dire ils ont un beau projet, ils ont un rêve et ils ont envie d’en vivre et de le développer, quel serait ton conseil à vraiment quelqu’un qui démarre ou qui est sur le point de démarrer ou qui a une envie, une idée, un rêve ? Qu’est-ce que tu lui conseillerais ?

Julien : Il y a plusieurs choses, mais la première chose déjà, c’est d’y croire, parce que le parcours entrepreneurial il y a plein de barrières en fait, on va nous mettre plein de barrières. Parfois, c’est des barrières juste administratives, ça peut être des barrières pour aller au bout d’un projet ou ce genre de choses. Et donc, il faut savoir sauter au-dessus ou les bouger ou trouver les moyens pour pouvoir y arriver et parfois il faut aussi la force d’esprit en fait pour pouvoir supporter ça. Et sans croire en son projet, on n’y arrive pas. Ça, c’est le point numéro 1. Et le point numéro 2, c’est de savoir s’entourer des bonnes personnes. Et ça, c’est une erreur que font beaucoup d’entrepreneurs, c’est de ne pas savoir s’entourer, j’en ai fait partie.

Johan : Moi aussi.

Julien : C’est le secret vraiment de la réussite en fait, c’est de savoir vraiment s’entourer, de savoir déléguer surtout et ce n’est pas forcément évident.

Johan : Oui, ça c’est le plus compliqué, effectivement. Mais y croire, c’est difficile aussi parce que c’est tellement difficile, quand tu n’as rien fait, quand tu n’as rien démarré, de croire en ton projet et de te dire : « Bon ben ça va marcher. Je suis persuadé qu’il y a une possibilité ». Pour moi, c’est le plus compliqué des deux en fait.

Julien : C’est le plus compliqué des deux. Après, si on est passionné par ce qu’on fait, je pense que ça peut permettre d’y croire vraiment.

Johan : Oui, la passion peut aussi donner de la certitude.

Julien : C’est ça. Et puis, il faut accepter aussi d’avoir une part… de vivre avec cette part d’inattendu en fait qu’on peut avoir dans l’entrepreneuriat, c’est-à-dire qu’on ne contrôle pas tout en fait. Et d’ailleurs, il faut accepter ça.

Johan : C’est vrai pour l’entrepreneuriat et la vie en général.

Julien : Tout à fait, oui.

Johan : Dans le cadre d’Appartement 303 ou un peu en dehors de ce cadre, mais tu as eu l’occasion ou tu as l’occasion de donner des cours.

Julien : Oui, tout à fait.

Johan : Et j’aurais voulu utiliser cette compétence puisque donner des cours demande de la pédagogie. On ne t’a pas choisi au hasard, c’est que tu as une certaine pédagogie. J’aurais voulu utiliser ça pour justement que notre audience en profite. Déjà, est-ce que tu peux nous dire brièvement quel type de cours tu donnes ? Dans quel contexte ? À qui ? Dans quel cadre ?

Julien : Alors, j’interviens dans plusieurs écoles. Je donne en présentiel souvent. Avec la période COVID, on a vécu plusieurs choses. Donc en présentiel, je donne des cours dans deux écoles qui sont situées à Metz, où je donne des cours de graphisme et de création de site web. J’interviens aussi à l’université où je donne des cours sur la communication graphique en général. Et puis, j’interviens aussi en tant que formateur pour différentes entreprises sur les thématiques sur les réseaux sociaux ou sur encore une fois la communication en entreprise.

Johan : C’est relativement large.

Julien : C’est assez large. Ça peut être, comme je disais, des formations ou des cours en présentiel ou aussi en distanciel via Zoom ou ce genre de choses.

Johan : Est-ce que tu arrives facilement à déceler parmi tes étudiants, ceux qui vont réussir et ceux qui ne vont pas réussir ? Est-ce que c’est une chose que tu arrives… On n’est pas là pour tomber dans le cliché ou ce genre de choses, mais est-ce que tu arrives, via l’attitude, à déceler rapidement ceux qui vont réussir ?

Julien : Alors, j’aime bien cette question-là parce que c’est quelque chose sur lequel je ne veux pas du tout me faire des idées dès le départ, c’est-à-dire que…

Johan : Tu combats cette envie-là.

Julien : Ah mais complètement, c’est-à-dire que quand je découvre un groupe la première fois, en fait, j’essaie de ne pas me dire… de commencer à me faire des idées sur les personnes.

Johan : Mettre des étiquettes.

Julien : Voilà. Tout simplement parce que déjà en fait on se rend vite compte qu’une personne va totalement évoluer, que l’image qu’elle peut refléter la première fois ce n’est pas forcément l’image qu’elle aura à la fin de son parcours d’apprentissage. J’ai plusieurs groupes. J’ai à la fois des personnes qui sortent de bac, enfin post-bac, et ensuite, j’ai également des personnes qui sont en reconversion. La reconversion, c’est des gens qui ont déjà travaillé et puis qui vont chercher un nouveau métier. C’est intéressant parce que ces deux types de groupe n’ont pas du tout les mêmes réactions.

Par exemple, quand j’ai des personnes qui sont en reconversion, souvent il y a des personnes qui sont en totale panique dès le premier cours parce qu’ils ne savent pas utiliser l’ordinateur par exemple. Et moi, ma mission, c’est de les emmener tous à peu près au même niveau. Je sais que je vais y arriver parce que ma méthode permet d’y arriver et j’ai des personnes qui pourraient comme ça, si je me faisais une idée, ne pas réussir en fait parce qu’ils ne savent pas à peine allumer l’ordinateur, enfin c’est quelque chose qui… une grosse contrainte pour eux.

J’ai parfois des éléments perturbateurs en classe, des personnes qui sont amenées à un petit peu s’amuser ou à ne pas forcément écouter ou à faire autres choses pendant les cours. Et souvent en fait, la première réaction face à ces personnes-là, c’est se dire : « Tant pis… »

Johan : Tant pis pour eux.

Julien : « Tant pis pour eux et puis voilà ». Sauf que quand on leur… Parfois, ils n’écoutent pas, c’est le cas, et quand on les met en atelier, parfois il y a quelque chose qui se révèle. Et quand je récupère le travail, ça me permet de jouer avec ça pour pouvoir les motiver ensuite pour qu’ils soient plus attentifs et les emmener vers quelque chose. Et j’ai des exemples comme ça quasiment dans chaque groupe où j’ai des personnes qui sont moins attentives mais que je peux emmener vers quelque part grâce à leur talent en fait. Ils ont quelques choses, mais ils ne le savent pas encore. Et ça, c’est génial.

Johan : Donc le risque, ce serait de s’arrêter et de se dire : « OK… » dès la première heure, « lui, lui, et elle, ils ont l’attitude pour réussir, je focalise mes efforts sur eux, je laisse tomber les autres ». Ça, ce serait une erreur, parce que finalement tu laisserais sur le bord de la route des gens qui…

Julien : Qui peuvent avoir le potentiel tout simplement. Et on a chacun notre façon en fait d’apprendre, on a chacun notre façon… notre type d’attention en fait. Et par rapport à notre passif aussi, c’est peut-être des gens qui ont vécu des difficultés dans l’apprentissage, donc peut-être que pour eux c’est plus difficile de s’intégrer peut-être dans un groupe, peut-être dans une école ou autres, donc il faut aussi savoir être attentif par rapport à ça. Ça demande une certaine pédagogie et puis un certain jonglage aussi de temps en temps parce qu’il faut pouvoir répondre à tout le monde dans le groupe. Quand on est 15, ça va, mais quand on est 30, ce n’est pas la même chose.

Johan : Donc ça, c’est une belle attitude de ton côté, d’ouverture, on va dire d’empathie, donc c’est très humain comme façon de procéder. Donc là, c’était sur la partie du début hein. Tu arrives dans une classe, tu te fais une opinion. Est-ce que, par contre, si tu arrives à la fin d’un cursus, tu arrives à dire, en fonction de la réussite des élèves, tu arrives à leur faire ressortir une qualité particulière ? Est-ce que ceux qui réussissent ont une qualité particulière ou alors c’est mélangé, ça dépend vraiment des gens ?

Julien : Alors, ça dépend vraiment des groupes, mais souvent, oui, j’arrive à déceler des qualités qui sont communes en fonction des groupes. Souvent, c’est avoir ce qu’on appelle la « niaque », c’est-à-dire avoir l’envie de se dépasser, d’aller un petit peu plus loin dans ce qu’on propose et puis de savoir aussi démontrer les choses. Pour moi, c’est vachement important, c’est-à-dire que quand on fait un projet graphique, il faut savoir l’expliquer. On ne fait pas un projet graphique parce que c’est beau. En fait, on essaie de répondre à une problématique et puis ensuite il va falloir l’expliquer un jour à un client. J’aime bien aussi quand ces personnes ont ça.

Et c’est ça qui fait la différence, c’est la façon de s’exprimer aussi par rapport à son travail. C’est presqu’un travail d’éloquence finalement, d’être amené à expliquer juste son processus et de convaincre tout simplement. C’est convaincre le client à la fin et voilà. Et c’est ça que je décèle sur… j’arrive à déceler chez les personnes qui ressortent du groupe.

Johan : Donc, un mélange d’envie et de communication, finalement.

Julien : C’est ça.

Johan : Et l’envie, finalement, c’est déjà ce que tu conseillais aux futurs entrepreneurs qui nous regardent, tu leur conseillais d’avoir cette envie. Donc c’est, pour toi, une des grandes qualités, finalement. L’envie, ça te permet aussi bien de réussir tes études, d’avoir tes diplômes, et aussi de démarrer ton projet.

Julien : Oui, tout à fait.

Johan : L’envie et la communication. Et ça, c’est aussi une chose dont j’ai pas mal parlé dans le cadre de Français Authentique. On parle à des gens qui apprennent une langue étrangère et qui ont donc bien compris que la communication c’était quelque chose d’important. Donc, je pense effectivement que ces deux notions-là sont très importantes à approfondir.

Est-ce que tu aurais… puisqu’encore une fois les gens qui nous regardent sont en train d’apprendre, est-ce que tu as un conseil pour mieux apprendre ? Ton conseil numéro 1, en ce qui concerne l’apprentissage en général, pour eux, c’est les langues, mais un truc qu’ils pourraient appliquer.

Julien : Alors moi, ce qui me choque aujourd’hui dans notre monde moderne, on va dire, c’est l’apprentissage avec les écrans. C’est quelque chose qui se généralise totalement, c’est-à-dire que moi, tous mes élèves sont derrière un ordinateur.

Johan : Eux aussi.

Julien : Voilà.

Johan : Ceux qui nous regardent en ce moment.

Julien : Et je vois même… mes enfants commencent à… mon fils, il a tout l’apprentissage sur une tablette, ma fille commence à avoir des tablettes également. En fait, moi, je vois bien qu’il y a un problème de concentration et qu’il y a un problème… Même moi-même, quand je travaille de cette façon-là, j’ai un problème de mémorisation réel.

Pour moi, mon conseil numéro 1, quand vous êtes dans un apprentissage où il faut que les choses s’ancrent en fait dans votre cerveau, c’est que vous preniez un cahier et que vous les notiez en fait, que vous notiez votre cours, que vous notiez les mots éventuellement importants etc. parce que rien que de faire le geste, de l’écrire, quelque chose qui est inné pour vous, parce que vous savez écrire depuis que vous êtes tout-petit, ça va rajouter en fait un ancrage supplémentaire dans votre cerveau.

Et je vois la différence. Moi-même, je le vois quand je prends des notes, je me rappelle de mes notes, alors que si je mets dans mon téléphone par exemple ou dans mon ordinateur, pff, c’est fini, hop, bye bye, et je ne me rappelle quasiment plus.

Johan : Oui. Ça, c’est un super conseil. C’est vrai que moi je le fais aussi assez spontanément aussi bien pour apprendre… j’aime apprendre avec des livres papiers et il m’arrive d’acheter des formations en ligne, mais je sens que ça correspond peut-être plus à mon type d’apprentissage, mais ce n’est pas aussi efficace que de prendre un livre, une feuille de papier et d’écrire dessus. Ça, je suis tout à fait d’accord avec toi. Donc ça, c’est effectivement un truc que vous pouvez prendre avec vous. Et parfois on peut aussi prendre des notes en regardant une vidéo par exemple.

Julien : Oui, tout à fait. Bien sûr.

Johan : Et revenir à… En fait, prendre ce qu’il y a de mieux dans la technologie et dans l’ancien monde entre guillemets, à savoir le papier et le crayon.

Julien : Et puis après, le deuxième conseil, c’est de pratiquer, il n’y a pas le choix, et surtout d’essayer de pratiquer sans s’amener des contraintes, de peur ou autres choses. C’est un sujet que tu abordes souvent, le fait de ne pas avoir peur, de tester les choses quitte à parfois faire des erreurs. Mais ce n’est pas grave, c’est comme ça qu’on apprend hein.

Johan : Oui, ce que tu disais aussi tout à l’heure avec la création d’entreprise, quand tu dis « je doute, oui », alors on doute tous mais il faut y aller et puis ne pas avoir peur.

Julien : C’est ça.

Johan : Super. Ça, je ne t’ai jamais demandé, ton expérience avec les langues étrangères.

Julien : Ah ! Alors ça, c’est quelque chose…

Johan : Alors, je m’adresse à un Français, donc… On n’est pas des experts.

Julien : On n’est pas du tout des experts parce qu’on a vraiment… et je pense que je ne suis pas le seul à le penser, on a un système scolaire qui est un petit peu discutable en tout cas sur l’apprentissage des langues. On a tous eu des cours d’anglais ou d’allemand au collège qu’on apprend avec des personnes qui sont francophones finalement, avec des accents pas possibles, où on nous apprend bêtement à apprendre des listes en fait de mots…

Johan : Ce n’est pas vivant.

Julien : À la suite, ce n’est pas vivant du tout. Moi, j’ai appris les langues avec les films en VO, j’ai appris les langues en me débrouillant comme je pouvais, en trouvant des correspondants en vidéo pour pouvoir apprendre la langue. L’anglais, essentiellement. Après, je ne suis pas du tout expert. Je pratique beaucoup moins aujourd’hui, mais…

Johan : Mais tu te débrouilles quand même.

Julien : … je me débrouille.

Johan : Et là-dessus, un conseil ?

Julien : Pour l’apprentissage des langues ?

Johan : Oui. Tu as dit regarder des films en VO, donc penser au plaisir finalement.

Julien : Je pense que moi, ce qui m’a plus permis de me libérer en fait dans la discussion, c’est de pratiquer avec d’autres gens, donc c’est par des voyages et puis c’est aussi avec effectivement les correspondants comme je disais, de parler avec eux, d’essayer de se faire comprendre et puis parfois ils nous corrigent, parfois ils nous aident aussi à trouver d’autres mots et puis à parfois nous faciliter le langage aussi parce que ce qu’on a appris à l’école, c’est peut-être un petit peu trop compliqué dans la structure, alors qu’en vrai, dans le langage courant, finalement, il y a des choses qui se disent autrement, qui sont mâchées ou qui facilitent grandement les choses, donc…

Johan : Donc l’aspect social essentiellement. Et ça, je le vois aussi dans le cadre de Français Authentique, dans l’Académie, on a aussi la possibilité ou on donne la possibilité à nos membres d’échanger entre eux et cet aspect social, c’est ce qui fait toute la différence aussi chez eux en fait, d’être encouragé, parfois motivé, parce que toi peut-être que le fait de parler avec ton correspondant, ça t’a donné une motivation à un moment où tu l’étais moins. Donc, c’est vrai que cet aspect social, je confirme que ça marche pour beaucoup de monde.

Julien : On l’a vu lors… Je l’ai vu pendant le séminaire que tu as organisé à Paris où j’ai eu l’occasion de discuter avec différentes personnes qui te suivent. On ressent qu’il y a certaines difficultés dans l’expression finalement, mais ça se libère très vite dès qu’on parle. Ils ont tous réussi à se faire très bien comprendre et je suis assez admiratif en fait de voir en fait les capacités que ces personnes peuvent avoir passant d’une langue complètement différente, avec des structures totalement différentes, de parler le français qui est quand même une langue qui n’est pas évidente. Donc, bravo.

Johan : Oui, c’est vrai que c’était sympa. Julien, avant de conclure, je voudrais que tu nous parles un peu de ton dernier projet, puisqu’en plus de tout ce que tu fais, tu es en train de démarrer un podcast. J’ai eu d’ailleurs l’honneur d’y contribuer et je mettrai le lien vers notre épisode. Tu as appelé ce podcast « L’inattendu ». Alors, deux questions en une : Pourquoi tu as démarré ce podcast et puis quelle est ta vision encore une fois ? Là, ça démarre tout juste. Quelle est ta vision pour ce podcast ?

Julien : Alors, pourquoi j’ai démarré ce projet ? Parce que tout simplement il y a eu des événements de la vie qui se sont passés récemment, qui m’ont amené à me remettre en question, à revoir la vie autrement, à faire un point en fait sur tout ce que j’ai vécu. Et puis, ça m’a amené aussi à dépasser en fait des difficultés sous forme de deuil, on va dire ça comme ça. Donc comme tout deuil, il y a différents processus. Et puis souvent, en début de processus, on est un peu freiné, on a l’impression que tout va tomber, tout va s’arrêter, et puis voilà. Et en fait, dans ce processus, il y a l’inattendu qui est arrivé.

J’ai juste appris à l’observer et à vivre avec et à savoir aussi la digérer en fait, cette période-là. Ça m’a ouvert complètement le regard sur la vie et je me suis aperçu qu’en fait si on observe tout ça, l’inattendu, il est à chaque coin de rue. Donc, je me suis vite rendu compte que je voulais partager ça avec d’autres gens, en mettant en valeur en fait mes rencontres, que ce soient des rencontres entrepreneuriales, que ce soient des rencontres de je ne sais pas, d’artisans, de gens passionnés et de voir un petit peu comment l’inattendu a rendu les choses possibles pour eux. Et c’est dans ce cadre-là que tu as été invité lors du podcast. Je pense qu’on a bien échangé sur le sujet.

Johan : Oui, c’est intéressant. Ça permet aussi de se poser la question : Qu’est-ce qui, dans ma vie, a fait ou quels éléments inattendus dans ma vie ont fait que j’ai suivi le chemin que j’ai suivi en fait ? Et c’est vrai que c’est un beau travail, donc j’ai hâte d’écouter les autres épisodes. C’est quoi ta vision ? Tu as envie du coup de partager ce genre de choses via le podcast ? Le type de personne que tu vas interviewer par exemple…

Julien : Ça va être très large en fait. L’idée, c’est vraiment d’amener… Alors là, j’ai une liste longue comme le bras de personnes à interviewer. Mais l’idée, c’est vraiment de laisser la porte ouverte à différentes thématiques pour que tout le monde puisse s’y retrouver et puis aussi prouver aux gens que tout est possible en fait.

Johan : Super.

Julien : Il suffit d’y croire, encore une fois.

Johan : Génial. Non, mais c’est intéressant. Et puis, le sujet et la façon dont tu l’amènes, je trouve ça super. Julien, je pense que c’est le moment pour nous d’arrêter cette interview. Déjà merci d’avoir pris le temps…

Julien : Merci à toi de m’avoir invité.

Johan : C’était super intéressant. Il faudra, les amis, prendre le temps de revoir la vidéo, de prendre des notes sur un cahier et sur un crayon, parce qu’on a parlé de plein de sujets, on l’a fait en plus dans une langue étrangère pour vous, on a parlé d’entreprenariat, comment Julien a réussi à vivre de sa passion, a fait en sorte que sa passion devienne son quotidien, on a parlé de pédagogie, de comment apprendre, de comment apprendre les langues, donc il y a plein de choses qui ont été balayées. On a parlé de l’inattendu, et pour ça, dans la description de cet épisode, on mettra…

Julien : Les liens.

Johan : … les liens et notamment…

Julien : C’est facile. On peut retrouver sur tous les supports, que ce soit Apple Podcast, Spotify…

Johan : C’est « L’inattendu ». Comment tu…

Julien : L’inattendu, « l’ » sans « e » à la fin, bien sûr.

Johan : Bien sûr. OK. Un autre endroit où est-ce qu’on peut te trouver pour en savoir un peu plus ?

Julien : Vous pouvez retrouver peut-être des informations sur Appartement 303, donc l’agence de création graphique, donc www.appartement303.com

Johan : Tout attaché.

Julien : Tout attaché.

Johan : 303 avec les chiffres 3-0-3

Julien : Avec les chiffres, voilà. On est également sur Instagram, enfin vous pouvez regarder tout ça.

Johan : Super.

Julien : Et puis, voilà.

Johan : Merci beaucoup, Julien.

Julien : Merci, Johan.

Johan : Merci de nous avoir suivis. Toutes les ressources seront mises dans la description. N’hésitez pas aussi à me dire en commentaire si vous aimeriez avoir d’autres interviews de ce type. C’est une chose que je fais rarement, Julien, mais je te remercie finalement de m’avoir donné cette opportunité.

Julien : Merci à toi.

Johan : Merci.

Julien : À bientôt.

Johan: À bientôt.